Pourquoi.

Parce qu’il y a longtemps j’ai vu « l’homme qui » pièce de Peter Brook, adapté de « l’homme qui prenait sa femme pour un chapeau » d’Oliver Sachs, neuropsychiatre. Il y avait la description de « Ray, le tiqueur blagueur » une personne atteinte du syndrome Gilles de la Tourette. Puis j’ai continué mon chemin. J’ai étudié la mécanique des fluides, j’ai rencontré la danse. Puis je suis partie ailleurs, j’ai appliqué ces études à une recherche du mouvement, les articulations sont devenues une passion. Et puis surtout ailleurs, j’étais autre, et j’étais différente. Je suis rentrée. J’ai reconnu une personne dans un bus à Marseille, qui avait Tourette. De par son comportement, ses gestes brusques, ses tics, on le prenait pour « anormal ». J’ai contacté l’association française des personnes atteintes du syndrome Gilles de la Tourette, j’ai rencontré Emmanuel Leburgue. Il a accepté, et continue, de répondre à mes questions. J’ai lu « un anthropologue sur Mars » d’Oliver Sachs, son second livre, il y écrit et décrit sa rencontre avec Bennett, chirurgien et tourettien. Je cherche, je suis dans le mouvement.

En fait, ce qui m’interroge, c’est ladite normalité. Je me la représente comme un couloir. Pour une personne atteinte du syndrome Gilles de la Tourette, même si lui se sent dans le couloir, y mène sa vie, le syndrome le laisse en marge, il est autrement catalogué que « normal ». Moi par contre j’ai choisi d’être à côté, et de l’observer ce couloir. Voilà, je cherche.

Nous portons notre recherche sur l’émotion et la sensation, aucun de nous n’a de tics ou de tocs, nous n’illustrerons donc pas ce duo de tics ou de tocs. Nous essayons de traduire par le son et le mouvement le ressenti de notre interprétation qu’est le fait de vivre avec ce syndrome. Nous souhaitons toucher les spectateurs, les introduire à cette différence.

Nous voulons et avons à donner, reste à échanger. Avec le public sans qui ce projet n'existerait pas. elsa